
Sophie Creuz (libraire et chroniqueuse) est en accord total avec nous : « Stupeur » le dernier roman de l’autrice israélienne Zeruya Shalev révèle combien les fractures d’un pays impactent l’intime des familles. Triste ironie du hasard, lire Zeruya Shalev, en ce moment, est plein d’enseignement. Non pas parce qu’elle nous parle de la situation politique, au contraire, elle s’y est toujours refusée. Ses romans, tous traduits en français chez Gallimard, se tiennent aussi loin que possible de la situation et pourtant, ils en rendent comptent totalement. Ils mettent en scène des couples, des familles, des gens ordinaires qui tentent de mener une vie ordinaire. Mais est-ce seulement possible dans un tel contexte ? Tout semble exacerbé, les passions amoureuses, les fantasmes, les rêves éveillés d’une union harmonieuse et totale. Et son impossibilité.
J’ai adoré ce livre, terriblement bien écris, tout en finesse et en humanité. Les pages qui décrivent tout le processus de deuil sont bouleversantes. J’ai aussi beaucoup appris sur la culture israélienne et sur tous les rites de passages qui jalonnent leur histoire de vie.
Pour ma part, j'ai fait appel à mon droit de lecteur selon Daniel Pennac, à savoir celui de ne pas finir un livre qui ne m'a pas plu. J'ai trouvé le style d'écriture lassant, difficile à suivre, et au bout de 50 pages (quand même!), j'ai abandonné. Pas pour moi.
J'en profite pour rappeler ici les droits du lecteur selon Pennac, qui m'ont souvent réconfortée:
Les droits imprescriptibles du lecteur
Le droit de ne pas lire.
Le droit de sauter des pages.
Le droit de ne pas finir un livre.
Le droit de relire.
Le droit de lire n'importe quoi.
Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible)
Le droit de lire n'importe où.
Le droit de grappiller.
Le droit de…
Un passé douloureux qui resurgit après une déclaration faite par un mourant, et nous voilà plongés dans l'histoire tellement complexe et ô combien bouleversante d'Israël. J'ai trouvé cette lecture assez compliquée, peut-être mieux comprise si on a quelques prérequis.
Toucher à l’intime avec autant d’humanité, de justesse, de « vrai »…au milieu d’une Histoire qui laisse abasourdi: sans en comprendre toutes les finesses (pour ma part), on en perçoit parfaitement le langage, et donc l’essentiel.
Une écriture exceptionnelle qui m’a bouleversée, autant que ses personnages… ce livre laisse en effet des traces … curieusement belles ….
Trois livres plus tard, celui de Zeruya Shalev me poursuit encore. Tellement profond et juste!
"Atara, le plus beau personnage féminin de cette rentrée littéraire!" dixit Ilana Moryoussef (France Inter).
En espérant que vous ressentiez ce même envoûtement ...😍