
Une femme est clouée au lit, fiévreuse. Elle commence à se remémorer les moments de sa vie.
Ia Genberg se livre à travers le portrait de quatre personnes qui ont compté dans sa vie. Quatre déflagrations. Chaque fois, la littérature lui a permis de réparer la blessure, de combler le vide creusé par une rupture. C'est dans la dernière partie du livre, bouleversante, que l'on comprend l'origine de cette fièvre étrange, froide et mélancolique.
L'ouvrage qui raconte donc quatre rencontres marquantes dans la vie de l'autrice, m'est apparu très actuel de par ce mélange d'intimité et de persistance d'une certaine distance relationnelle. De la difficulté ou la peur de s'engager relationnellement. Un non engagement qui pour protecteur qu'il cherche à être, s'avère souvent source de souffrance voire même de violence relationnelle. Pour l'autre comme pour soi. Fuir l'autre, la réalité, s'anesthésier ou, surtout, ne jamais s'attacher. ... Le second profil amène même la question de la normalité: est-on encore en présence d'un profil " banal" ou, au contraire, très limite à l'instar de ces personnalités border-line finement observées? L'impact d'un état de stress post-traumatique "non-résolu" est bien illustré à travers le quatrième profil, poignant…
Et bien voilà, le cycle 2025 commence bien. Un livre qui nous installe dans une sorte de mélancolie douce et surranée, reflet d'une époque révolue. Sans fioriture ni mot grandiose, la description de la folie ordinaire d'un monde où les relations entre les êtres sont à la fois profondes et éphémères, le monde de Ia Genberg, qu'elle raconte sans le dire. C'est étonnant tout ce que Ia Genberg raconte sans le dire, avec humour mais sans le dire car tout cela est bien trop sensible, bien trop vulnérable pour en rire... Bonne lecture!
"Chaque jour était un nouveau jour pour mon père qui n'était pas rancunier. Ils partageaient la bibliothèque mal rangée, à moitié classée jusqu'au jour ou Birgitte fit…
L'avis d'Elisabeth Philippe, du Nouvel Obs, le 23/02/2024 :
La romancière suédoise se livre à travers le portrait de quatre personnes qui ont compté dans sa vie. Quatre déflagrations.
La fièvre s’infiltre entre chaque ligne. Elle s’empare, dans les premières pages, du corps malade de la narratrice. Cet état la ramène dans les années 1990, lorsqu’elle est rentrée du Kenya atteinte du paludisme. Sa compagne d’alors, Johanna, lui a offert la « Trilogie new-yorkaise » de Paul Auster pour adoucir sa convalescence. Plus tard, les deux femmes se séparent. Johanna devient une figure importante de la radio. La narratrice entend un jour son ancienne compagne lancer dans une émission : « Je n’ai jamais aimé Paul Auster » : « Johanna avait fait feu sans qu’on lui donne la…